La vie à Avalon

Préxus leva la tête de son clavier, il était profondément vexé que Morganne puisse penser qu'il était capable de désobéir au seigneur Yenko.

- Je suis au service du Premier Chancelier, il m'a donné un ordre que j'ai bien l'intention d'exécuter.
Mon affection pour vous ne rentre pas en ligne de compte.

Le soldat en lui ne pouvait se résoudre à enfreindre un ordre direct, surtout venant du Premier Chancelier à qui il vouait un respect qui confinait au culte pour avoir combattu à ses côtés et avoir travaillé sous ses ordres depuis des années.

Préxus s'amusait de la voir ainsi tenter de l'amadouer, mais il ne laissait rien paraitre.

- Madame la Chancelière, vous ne ferez pas plier la volonté d'un soldat Atéan avec votre sourire, aussi charmeur soit il.
J'ai fais mes classes avec mon maitre, je préfère mourir que de devoir lui désobéir.

Son visage n'exprimait que la fermeté du soldat, malgré l'hilarité qui commençait à le gagner devant l'impatience de Morganne.

Le secrétaire se sentit un peu insulté par la ruse malhabile de Morganne.

- Madame, croyez vous vraiment que je vais vous laisser sans surveillance? Tant que mon maitre ne sera pas de retour, je ne bougerais pas de cette pièce.

Préxus se renfrogna, sa bonne humeur venait de tomber. Il se replongea dans le travail pour éviter d'user de mots qu'il pourrait regretter.

Yenko revint dans la chambre avec le sourire.

- Je te libère Préxus, merci pour ton aide mon ami.

- De rien Messire, vous servir est un honneur.

Le secrétaire s'inclina devant le Premier Chancelier.

- Relève toi Préxus, tu sais parfaitement que ces pitreries m'énervent, surtout venant de toi.

- Pardon.

- Ne demande pas pardon, mais arrête de le faire.

Le secrétaire se retira laissant Morganne et Yenko seuls dans la chambre.

- Que fait tu allongé sur le coté? Ça ne vas pas?

- Morganne?

Il s'approcha du lit.

- J'ai quelque chose pour toi...

Il s'asseya à côté de Morganne et lui posa la main sur l'épaule.

- Repose toi si tu veux, nous irons faire un tour ensuite. Tu n'aura pas besoin de marcher.

Il était sur que sa proposition serait bien accueillie par la Chancelière. Elle détestait l'inactivité et devais certainement avoir grande hâte de poouvoir remarcher.

Yenko était amusé par le bond que Morganne venait de faire sur le lit, il n'était pas dupe, elle lui faisait la tête quelques instants auparavant.

- Calme toi, le médecin t'as ordonné le repos. Je t'ai apporté des béquilles, il y avais aussi la solution du fauteuil à lévitation, mais je pense que ton orgueil t'en empêche.

Il ramassa les béquilles pour les tendre à Morganne en lui faisant un clin d'œil.

Yenko aimait la voir sourire. Il aimait aussi les baisers de l'élue de son cœur.

- C'est toi qui veux te promener, on va ou tu veux mais je ne quitte pas d'une semelle.

Il se dirigea vers la porte pour laisser sortir Morganne. Il referma la porte derrière elle et lui emboita le pas.

Les fiancés arrivèrent à l'arche fleurie. Morganne se débattant toujours avec ses béquilles et Yenko suivant derrière pour la surveiller, prêt à la rattraper au moindre problème.

L'arche était encore fleurie, les fleurs et les feuilles étaient si serrées que le support disparaissait. Les plantes semblaient se porter elles mêmes.

- J'adore venir ici avec toi. Depuis que je t'ai emmenée ici, cet endroit me semble bien fade sans toi...
Mais nous avons des choses plus importantes à régler pour l'instant, la cérémonie par exemple...

Le Premier Chancelier s'assit sur un banc invitant la Chancelière à en faire autant.

- Viens t'assoir à coté de moi.

Yenko se leva, vexé. Son visage se ferma soudain et son ton se durci.

- Tu ose me demander de quelle cérémonie je parle? Je pensais t'avoir frappé à la cheville pas à la tête.

Il commença à faire les cent pas devant Morganne.

- Je m'attendais à toute les réponses mais pas à celle là! Rassures moi, tu plaisante...

Il s'arrêta devant Morganne et planta son regard dans le sien.

Yenko était abasourdi, comment pouvait elle ignorer la préparation de leur mariage? A cause de la colère il en cherchait ses mots.

- Quoi?... Il se passe...

Il ne savait pas quoi dire. Il regardait Morganne. Soudain il tourna les talons en direction de son bureau. Avant de partir il lança une phrase à Morganne sur un ton sec.

- Regarde ta main gauche.

Il s'engagea dans l'allée qui menait à son bureau d'un pas décidé.

Yenko était déjà sur le sentier quand il entendit un bruit de chute derrière lui. Il repartit en courant vers Morganne pour l'aider.

- Tu n'en rate pas une ma belle. T'es pas encore guérie, les béquilles je pense que tu en a plus besoin que le banc.

Il l'aida à s'assoir.

- Reste là, je reviens

Il alla jusqu'au banc récupérer les béquilles. Puis il revint jusqu'à Morganne.

- Tu vas les tenir et je vais te porter jusqu'au sofa de mon bureau.

La Chancelière voulu dire quelque chose. Yenko lui posa l'index sur les lèvres.

- Pour une fois tu vas m'écouter, je te ramène là-bas et j'appelle le médecin.

Yenko la prit dans ses bras et remonta le sentier jusqu'à son bureau. Il la déposa délicatement sur le canapé et alla à son bureau ou il appela Préxus à l'intercom.

- Oui messire?

- Appelle Cáiréis, on a besoin de lui pour la cheville de Morganne.

- Bien monseigneur.

Yenko revint à coté de Morganne.

- Maintenant, on arrête les conneries, tu vas te reposer, on verra le reste plus tard.

Yenko était encore énervé, la fureur était partie mais pas sa colère.

- La réception attendra, pour l'instant je veux que tu te soigne! La prochaine fois que je te vois forcer sur ta cheville je t'allume!
Tu attendra le docteur Cáiréis ici sans bouger...

Il se redressa et commença à faire les cent pas dans le bureau comme un lion en cage.
Il se dirigea vers la baie vitrée de son bureau pour contempler les jardins afin de s'apaiser les nerfs. Il ne voulait plus crier sur Morganne, il y avait eu trop de disputes récemment, il voulait que cela cesse.