L'empire Atéan

Le Premier Chancelier revenait de son entrainement quotidien avec Caillte. Il poussa la première porte de son bureau et salua Valera.

- Bonjour ma chère.

- Bonjour Messire, Préxus cherche à vous contacter.

- Préxus? C'est étrange, il sait bien qu'à cette heure je m'entraine avec Caillte.

- Cela semblait urgent.

- Merci.

Il poussa la deuxième porte et la claqua derrière lui. Il se jeta sur son ordinateur pour établir la liaison entre Avalon et Atéa au plus vite. Préxus décrocha rapidement.

- Salut Préxus.

- Bonjour messire.

Yenko ne releva pas le fait que Préxus le vouvoie à nouveau.

- Qu'y a-t-il?

- Nous avons un problème grave.

- Explique toi.

- Miotas est parti en tournée d'inspection.

- Jusque là rien d'anormal.

- Tu connais les procédures...

- Oui, je les ai écrites moi même, arrête de tourner autour du pot.

- Il m'a appelé il y a plus d'une heure alors que son vaisseau amorçait son entrée dans l'atmosphère de Allta.

- Notre colonie en galaxie 2?

- Oui, et je n'ai pas reçu de message après l'atterrissage.

- Tu a réussi à contacter la colonie?

- Oui et ils attendent toujours le vaisseau, personne ne l'a vu.

- Lance toutes les unités de recherches pour le retrouver.

- Elles sont en route mais cela prendra plusieurs heures, les trois unités stationnées sur Allta sont déjà à pied d'œuvre.

- Je récupère Caillte au passage et nous arrivons avec le Ean II. Occupe toi de l'empire en attendant.

- Bien monseigneur, il sera fait suivant vos ordres.

- Préxus?

- Oui?

- Arrête de me vouvoyer.

- Pardon Yenko, c'est l'habitude.

Le Premier Chancelier coupa la communication et quitta son bureau au pas de charge. Il arriva dans le couloir et chercha Caillte du regard.
L'homme de l'ombre quitta l'abri de la colonne.

- Que ce passe-t-il Yenko?

- Miotas à disparu.

Yenko posa sa main gauche sur l'épaule de Caillte et appuya sur le bouton de téléportation pour les envoyer à bord du Ean II.
Les deux hommes se précipitèrent sur la passerelle.

- Miller!

- Oui Amiral.

- Tout le monde à son poste nous appareillons pour Allta et il va falloir battre des records de vitesse.

Le commandant Miller ordonna le départ et fit pousser les propulseurs au maximum en direction de la colonie suivant les consignes du seigneur Yenko.

- Maintenant que nous sommes en route, vous pourriez peut être m'expliquer pourquoi mes hommes ne passeront pas le weekend en famille?

- Le gouverneur de l'empire à disparu en orbite de Allta.

- Le seigneur Miotas?

- Lui même, nous allons la bas pour aider aux recherches.

Le Ean II arriva en orbite autour de la colonie Allta, à son bord tout l'équipage était en effervescence. Des nuées entières de chasseurs quittait le vaisseau amiral de la flotte atéanne pour quadriller la surface de la planète.

Aon Caillte et le seigneur Yenko montèrent à bord d'un chasseur bi-place. Yenko décolla et quitta le Ean II avant d'avoir enfilé son casque. Il poussa les gaz autant que la coque du chasseur chauffant dans l'atmosphère le lui permettait. La température dans le cockpit monta rapidement.

- Yenko, je sais que tu sais ce que tu fait, mais ce n'est pas ton chasseur celui là, il est moins résistant.

- Ne t'inquiète pas, cette charrette tiendra le coup. Regarde les rapports sur le réseau et tiens moi au courant s'il y a des nouvelles de Miotas.

La coque vira progressivement au rouge tandis que le chasseur se rapprochait du sol, laissant les autres pilotes derrières. Yenko pilotait en violation de tous les règlements militaires atéans. Une fois à bonne altitude, il ralenti l'allure et enclencha les scanners.

- Toujours rien?

- Non, sinon je te l'aurai dis.

Yenko scrutait les alentours et ses instruments en même temps. Il était inquiet pour Miotas.

- S'il avait pu se poser sans dommage il nous aurai déjà contacté, c'est mauvais signe.

- N'y pense pas, Miotas est un dur à cuire.

Chaque minute à voler dans le ciel d'Allta accroissait ses craintes au sujet du gouverneur de son empire.

- Yenko!

- Quoi?!

- On a une navette écrasé azimut 302, distance 40km

Yenko fit virer le chasseur dans un break serré à droite et poussa les propulseurs aussi fort qu'il le pouvais en vol atmosphérique. Il couvrit la distance en peu de temps et posa son appareil dans une clairière à quelques centaines de mètres du crash.

Les deux hommes n'attendirent pas que les tuyères soient arrêtées ni que les échelles soient déployées et sautèrent au sol après avoir empoigné leurs épées. Une équipe de sauvetage les avait devancé.

- Garde à vous!

Yenko ne prêta pas attention aux soldats et se dirigea vers la navette écrasée. Miotas gisait au sol devant la navette.

- Nous sommes arrivés trop tard monseigneur.

Yenko leva la main pour le faire taire, Caillte ne lui accorda pas un regard. Ils regardaient tous les deux le corps de leur frère d'arme. Yenko avança en premier et s'approcha du corps.

- Je ne pensais pas le voir finir dans un crash comme ça.

- C'est un rampant, comme moi.

- On va le ramener sur Atéa.
...
Soldats!

- Oui amiral?

- Allez me chercher une civière, on va le ramener jusqu'à la grande clairière au nord pour qu'un transport sanitaire puisse l'emmener.

Un des soldats se retourna et marmonna.

- Fait chier, va falloir crapahuter sur trois kilomètres avec un poids mort...

Yenko et Caillte entendirent la réflexion.

- Répète?

Yenko sentit la colère monter tandis que Caillte dégaina à moitié Agair. Le Premier Chancelier posa la main sur celle de Caillte pour lui faire rengainer sa lame sans quitter des yeux le soldat irrespectueux.

- Ecoute moi bien connard!

Il se rapprochait du soldat qui commençait à craindre pour son matricule.

- Tu sais de qui tu viens de parler?

Il avançait toujours, les poings serrés. Arrivé à bonne distance, il décocha un coup de poing dans la mâchoire du soldat qui vacilla.

- Il a plus fait pour l'empire que toute ta famille de chiens galeux!

Il se tourna vers l'officier du groupe.

- Capitaine! Vous me mettrez cet abruti aux arrêts des que nous serons rentrés, je m'occuperai personnellement de lui.

Les soldats partirent chercher une civière pendant que Caillte et Yenko retournaient auprès de la dépouille de Miotas.

Ça me démange de planter Agair dans le bide de ce troufion mais le coup de poing que Yenko lui met me conviens pour l'instant. Vu sa réaction, le soldat risque de passer un très mauvais moment dans un futur proche.

* Probable que j'ai bientôt à m'occuper de toi espèce de larve. *

Je suis Yenko jusqu'à Miotas. On viens de perdre un frère d'armes, l'atmosphère n'est pas à la fête. Des souvenirs refont surface, les combats côte à côte à se couvrir mutuellement. Des années entières à servir dans la même unité, ça forge des liens plus forts que tout.

- Tu as raison Yenko, on perds un frère aujourd'hui.

Il hoche la tête en signe d'assentiment. Pour lui aussi, Miotas comptait beaucoup, son visage reste fermé ce qui n'est jamais bon signe.

J'entends du bruit derrière, je me retourne et voit les soldats revenir avec la civière. Il la pose à coté de Miotas.

- Ecartez vous! C'est à nous de le faire.

Les soldats s'écartent et nous laissent faire. J'attrape les pieds de Miotas pendant que Yenko l'attrape aux aisselles et nous le déposons délicatement sur la civière.

- Ou est son épée? Quelqu'un l'a vue?

- Je l'ai déposé à coté du nez de la navette pour éviter que quelqu'un marche dessus.

- Merci

* Il n'y a pas que des incompétents dans cet unité, ça me rassure. *

Yenko va récupérer l'épée de Miotas pendant que les soldats soulèvent la civière. Je le vois revenir avec le fourreau dans la main. Les soldats ont déjà emprunté le chemin vers la clairière.

- Retournons sur Atéa, nous le retrouverons là-bas.

- Tu as raison.

Yenko et Caillte remontèrent à bord du chasseur et regagnèrent le EanII pendant que la dépouille de Miotas prenait la direction d'Atéa. Yenko posa le chasseur sur le pont du vaisseau amiral de la flotte atéanne, déploya les échelles et ouvrit la verrière. Les deux hommes faisaient grise mine en posant les pieds sur la tôle du EanII.

Il passèrent par le vestiaire pour déposer leurs casques de vol et montèrent jusqu'à la passerelle. Devant leurs visages fermés, tout les hommes d'équipage qui les croisèrent n'osèrent pas poser de question, la réponse se lisait sur leurs traits.

- Commandant Miller!

- Oui monseigneur.

- Cap sur Avalon.

- Oui Amiral! A vos ordres!

- Je me retire dans mes quartiers.

Yenko quitta la passerelle, aussitôt suivit par Caillte.

- Laisse moi seul Caillte, j'ai besoin de calme.

- D'accord, j'ai de toute façon des messages à envoyer.

- Toi?

- Je vais prévenir les autres.

- Les taibhse?

- Oui, il était des nôtres, ils ont le droit d'être mis au courant. L'unité est dissoute mais le lien qui nous uni existe toujours.

- Je le sais bien Caillte, préviens les, tu as raison.

Les deux guerriers se séparèrent, chacun prenant la direction de ses quartiers.

Le EanII accosta à son quai réservé et libéra Yenko et Caillte de sa coque. Le nouveau garde des sceaux et son homme de main se dirigèrent vers les bureaux du haut-conseil. Yenko avait conservé son bureau malgré sa démission du poste de Premier Chancelier.

Yenko poussa la porte et salua vaguement Valera au passage, Caillte ne lui jeta pas un regard. Les deux hommes avaient le visage fermé.

Caillte referma la deuxième porte derrière eux.

- J'ai envoyé le message.

- Tu as bien fait. Il va falloir organiser les obsèques.

- Tu pense à quoi?

- Il n'avait pas de famille à part l'armée et l'empire. Vu son parcours, je pense qu'il a droit à des funérailles nationales.

Caillte hocha la tête.

- Laisse moi, il faut que j'aille parler à ARRONAK.

L'homme de l'ombre s'inclina et quitta la pièce, toujours aussi silencieux.

Yenko se leva, manœuvra la porte secrète qui donnait sur le passage qui reliait son bureau à celui du Patriarche et rejoignit ARRONAK. Il frappa doucement après s'être assuré que le maitre des lieux était seul.

Une voix forte l'invita à entrer. Malgré le temps passé à ses cotés, la voix forte et la stature du vieux lion l'impressionnaient encore. Il poussa la porte et entra alors qu'ARRONAK se levait pour l'accueillir.